LE PROBLÈME DES CASSITÉRIDES



Création le 28 février 2020

Jacques Ramin a publié en 1965 un livre rassemblant les résultats d'une recherche sur les auteurs anciens ayant publié des écrits sur les sources de l'étain occidental, depuis les temps protohistoriques jusqu'au début de notre ère. Ces auteurs étaient des Méditerranéens qui ne faisaient que reprendre les récits qui circulaient sur ces expéditions mythiques ... Les cartes, les boussoles n'existaient pas ; le niveau de l'océan atlantique était de plusieurs mètres inférieur au niveau actuel.

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Le bronze a joué un rôle essentiel dans l’économie, l’armement et l’art des brillantes civilisations du Proche Orient et de la Méditerranée. Or l’étain, qui entre dans la composition du bronze, est rare et peu abondant dans ces régions. Les gisements que Strabon a signalés en Arménie et en Azerbaidjan ont permis d’apprécier l’intérêt pour ce métal, et d’en rechercher au-delà des limites de l’Orient.


D’où les expéditions vers les « îles Cassitérides », nom générique des lieux où ont été découverts des gisements d’étain en Europe par voie maritime.

Au XXème siècle, c’est la Malaisie qui a été le premier producteur mondial. La cassitérite, ou bioxyde d’étain, de densité 7, est le minerai le plus répandu. Ses gisements ne sont jamais sédimentaires, mais intrusifs. L’érosion a souvent entraîné le minerai lavé dans les estuaires, comme celui de Pénestin, à l’embouchure de la Vilaine, dans le sud de la Bretagne. Il était plus facile de trouver de la cassitérite en bord de mer que dans les zones recouvertes de forêts.

L’époque du développement du bronze en Orient apparaît vers 2400 ans avant J.-C. Mais c’est au VIème siècle que Carthage a envoyé Himilcon en reconnaissance au nord de Gadès, en même temps d’ailleurs qu’elle envoyait Hannon au sud. Ce trafic maritime n’était pas connu des Romains.

L’Iliade est le premier texte dans lequel il est mentionné le mot « cassiteros ». Mais c’est dans Hérodote que figure pour la première fois le nom d’Iles Cassitérides. Peu avant la destruction de Carthage, Scipion Emilien chargea Polybe d’effectuer des reconnaissances dans les colonies puniques de l’Atlantique. Or Polybe considéra que Pythéas avait menti en disant qu’il avait fait le tour de l’Albion (Angleterre) !

II est possible que l’imprécision des auteurs méditerranéens sur ce qui se passait au nord des Colonnes d’Hercule, était dû au secret commercial, à un «écran de fumée » créé par les Vénètes, qui étaient les maîtres de la navigation atlantique. 





César a dit : « Les Vénètes sont le peuple de loin le plus puissant de toute la côte maritime, qui possèdent le plus de navires, lesquels ont l’habitude de naviguer en Bretagne ; ils dominent les autres, par leur science et par leur connaissances en matière de navigation ; et, dans cette mer violente et ouverte, ils sont les maîtres des rares ports, et font payer tribut à tous ceux qui ont l’habitude de passer dans leurs parages. » (De bello Gallico III 8).

De nombreux bateaux chargés de plomb ou d’étain venant d’Albion ont du sombrer dans la Manche. Ce n’étaient sans doute pas des bateaux phéniciens, mais des bateaux affrétés par les Vénètes. Les cargaisons intactes étaient probablement acheminée par terre (pour éviter les passages maritimes dangereux de l’ouest de la Bretagne), réembarquées à Corbilo, ville mythique à l’estuaire de la Loire, jusqu’à la Gironde, et dirigées vers Marseille, notamment par la vallée de la Garonne.