INTRODUCTION

 
 Création le 18 mars 2009

Interview de Jean Mazel, ethno-historien :
 

Peu de temps après la publication par les Éditions Robert Laffont de mon livre “Avec les Phéniciens” (1968), je recevais une invitation de Monsieur Dresch, ancien propriétaire d’un domaine à l’embouchure de la Vilaine, à Pen Lan, non loin de Vannes (Morbihan).
 

Il voulait avoir mon avis sur une pierre étrange dont la forme pouvait évoquer des divinités phéniciennes représentées dans mon livre.
Monsieur Dresch, humaniste, archéologue à ses heures, et passionné par la Bretagne, était en train de construire un certain nombre de maisons pour en faire des résidences de charme, en utilisant les pierres anciennes qu'il récupérait partout où la modernisation des campagnes et la création de nouvelles routes avait provoqué des démolitions de fermes et de chapelles.
 

Il me raconta alors qu'en faisant démonter le dernier pan de mur subsistant d'une chapelle en ruine, apparut dans l'épaisseur de ce mur la pierre qu'il me soumettait.
 

Mon avis fut que cette pierre habilement sculptée pouvait évoquer :
1 - Baal, le grand dieu phénicien, souvent représenté par un soleil, un disque ou une sphère ;
2 - Astarté, déesse phénicienne de l'amour et de la fécondité, généralement représentée par un croissant de lune ;

Quant à l'ensemble formé par un corps triangulaire surmonté des évocations 1 et 2 , il me rappelait de façon évidente :

3 - Tanit, déesse et patronne tutélaire des Carthaginois, branche africaine des Phéniciens, qui fut active du huitième au deuxième siècle avant J.C.

Les Phéniciens d'Afrique, malgré la prééminence donnée à Tanit, continuaient à pratiquer les cultes de Baal et d'Astarté, comme le prouvent les nombreuses stèles funéraires trouvées dans les fouilles de Tunisie.
 

Si l'on devait dater "l'esprit" et non la réalité de cette stèle de Pen Lan, on pourrait la situer dans une fourchette entre le V et le III siècle avant J.C.
 

Mais la pierre que nous étudions, à laquelle nous pouvons donner la qualification de stèle, peut très bien avoir été sculptée par un artiste local, reproduisant un modèle antérieurement importé. Toutefois, l’archéologie officielle est très réservée dès qu’il est question de Phéniciens en Bretagne. Mais s'il n'y a pas de preuves formelles dans le sol, il y a malgré tout d'étonnantes relations sémantiques, car les Phéniciens appelaient toutes les étendues maritimes comprises entre Cornouaille et Morbihan : Mer de l'Étain, ce qui se disait dans leur langue
 ( le punique ) :

BAHR - TANIK
Or BAHR - TANIK a donné le nom de Bretagne, et mieux encore le "Britannique" des Iles Britanniques.